Jonathan MVIÉ

Je m’entendais souvent dire et répéter “un jour j’aimerai avoir une école d’arts martiaux pour enseigner le TaeKwonDo aux plus jeunes.

Petit retour en 2008. Cela faisait quelques années déjà que je m’entendais dire et répéter qu’« un jour j’aimerai avoir une école d’arts martiaux pour enseigner le TaeKwonDo aux plus jeunes ». Je n’étais pas un champion ou une vedette de cet art martial Coréen mais j’en étais tout simplement un grand passionné. C’est en 2012, plus précisément, que je me rappelle l’avoir dit clairement à une collègue de travail avec plus de conviction. Elle répliqua logiquement : “Super ! Tu commences quand ?”. M. Procrastinateur (détenteur d’une maîtrise en excuses) posé sur mon épaule gauche me souffla à l’oreille : “réponds-lui que tu n’as pas le temps, que tu es trop occupé avec le travail et les jeunes enfants”. C’est donc un discours interne, nourri pas M. Procrastinateur, que j’ai tenu pendant plusieurs années et avec lequel j’étais devenu très confortable. J’étais capable de parler avec tant d’énergie d’un projet que je voulais réaliser mais je le tuais avec ce discours interne “bloquant”. C’était l’oeuvre de M. Procrastinateur, bien évidemment je n’avais pas encore entendu Mme Action.

J’entrais dans une nouvelle version de moi-même, avec mes combats internes bien-sûr, mais avec une nouvelle énergie qui devait se manifester.

Il a fallu 3 ans de plus (septembre 2015) avant que les astres commencent à s’aligner pour moi et que le chuchotement de M. Procrastinateur soit progressivement tassé par Mme Action. C’est pendant ces trois ans que je me suis nourri de la Parole du Seigneur en cheminant régulièrement avec ma communauté et que j’ai commencé à suivre et écouter quotidiennement des vidéos de motivation et de développement personnel. Minutieusement, j’ai décortiqué et digéré chaque message et passage entendus et lus. J’absorbais tellement de bonnes nourritures spirituelles et de nouvelles découvertes que je sentais que je pouvais léviter, littéralement. J’entrais dans une nouvelle version de moi-même, toujours avec mes combats internes bien-sûr, mais avec une nouvelle énergie qui devait se manifester.

C’était un jeudi de septembre 2015 vers 21h, je portais un short adidas noir, un débardeur GABAO rouge et mes souliers de course jaune fluo (quel style !). Je me préparais pour aller courir mon dernier cinq kilomètres de l’été. Je me sentais bien ; les enfants étaient au lit, l’épouse relaxait au salon et la température extérieure était à point pour une demie-heure de course.

Mon mental était déjà bien entraîné.

Cette soirée-là, sans raison précise, je décidai de prendre un parcours différent. Après le premier kilomètre de course, j’entrai dans mon rythme de croisière. À l’approche du troisième kilomètre, comme ce fut le cas pendant tout l’été, ma tête commença à me jouer des tours : « 3 km c’est suffisant non ? Pourquoi ne pas marcher les 2 derniers kilomètres Joe ? ». Mais rien à faire, mon mental était déjà bien entraîné et j’étais dans mon “beat”, imperturbable et déterminé à finir ce parcours dans le meilleur temps possible. «  Inspire 3 secondes, expire 2 secondes et fais le vide » me disais-je, les yeux picotant avec la sueur dégoulinant sur mon visage.

Ce que je disais et répétais pendant si longtemps allait arriver.

Au quatrième kilomètre, je tournai au coin de la rue. Je vis à ma droite, une bâtisse de taille moyenne de deux étages nouvellement construite. Au deuxième étage, à travers les fenêtres, dans une salle bien illuminée, j’y vois de jeunes enfants en train de danser. J’ai ralenti ma cadence. Et là, au même moment ou je réduisis le rythme de mes foulées, en quelques secondes, tout se mit à défiler dans ma tête : ce que je disais et répétais pendant si longtemps allait arriver. J’ai arrêté de courir complètement. Je fixais mes yeux sur cette salle illuminée du deuxième étage et je m’y voyais enseigner le TaeKwonDo à de jeunes enfants. J’ai eu une vision. Je ne savais pas à qui appartenait cette édifice ou quel était son usage mais quoi qu’il en fut, je me voyais en train d’enseigner dans cette salle spécifiquement. J’ai encore des frissons en écrivant ce paragraphe.

J’avais vu le premier signe.

Je suis resté devant l’édifice pendant quelques minutes. J’étais excité, comme si une porte s’ouvrait et l’intérieur m’invitait. “Rentre Jonathan, rentre, n’hésite pas”. C’est ainsi que je ressentis physiquement, émotionnellement et intérieurement cette vision. En vrai, quand j’y repense, c’est la voix de Mme Action que je commençais à entendre. J’ai souri. J’ai essuyé la sueur sur mon front et j’ai repris ma course vers la maison en sachant que le lendemain serait différent des jours précédents. Je courais vers la maison avec une bonne nouvelle. Un premier astre s’alignait. J’étais trop rempli de ce que je venais d’expérimenter. J’avais vu le premier signe. Je voulais arriver rapidement à la maison pour faire mon plan et commencer sans plus tarder. Je vous jure, j’ai couru ce dernier kilomètre comme une gazelle.

Il fallait absolument que j’agisse sur ce premier signe.

À ce point-ci j’étais au point A. Le point B était la réalisation de ce que j’avais vu. Il fallait absolument que j’agisse sur ce premier signe. Afin d’y arriver, je ne savais pas trop quel chemin prendre mais je me disais qu’il ne devait pas être si difficile d’aller du point A au point B, surtout avec Mme Action posée maintenant sur mon épaule droite. S’en suivirent plusieurs leçons de vie qui forgeront graduellement mon caractère et m’apprendront, à un autre degré, les valeurs de la responsabilité, de la discipline, de la persévérance, de la détermination et de l’engagement.

Prochain texte : Partir du point A. Se découvrir.

Leçon apprise : Quand nous ressentons cette émotion ou cette énergie en nous que nous ne pouvons pas expliquer mais qui nous incite à faire le bon et le bien, pour l’amour de Dieu, agissons ! Oh que oui, agissons !!! Le monde a besoin de nous.