PROLOGUE

Je m’étais lancé dans une aventure inconnue après m’être engagé à réserver une salle pour y donner des cours de “fitness” aux adultes. Ce n’était pas mon plan initial mais c’était une étape cruciale pour me préparer à ce qui devait venir plus tard…

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Après avoir publié quelques affiches promotionnelles sur les réseaux sociaux, je devais m’atteler à préparer mes cours et m’assurer d’avoir le matériel nécessaire. Le niveau de stress et d’excitation montèrent au fur et à mesure que le 5 septembre 2015 approchait.

Il y avait beaucoup de “like” sur cette première publication du TKD FIT MIX, mais dans l’immédiat une seule personne montra un intérêt sérieux : un certain “TSV”. Mon tout premier cours fut avec lui. Il  demeura d’ailleurs jusqu’à ce jour un fidèle compagnon d’entraînement. Dans les jours qui suivirent, “Super Mario” et “Prodigy” s’ajoutèrent à notre duo pour effectuer le quatuor central de ma première aventure en tant qu’entraîneur.

Il y avait ce feu en moi et cette énergie qui se révèlent lorsqu’on entreprend quelque chose de nouveau.

Ma sélection de musique était toujours toute prête et j’avais fait imprimer quelques t-shirts promotionnels et j’étais méga excité. Il y avait ce feu en moi et cette énergie qui se révèlent lorsqu’on entreprend quelque chose de nouveau. Je ne savais pas trop où j’allais avec ce TKD FIT MIX mais je me sentais hyper motivé.

À quelques occasions d’autres ami.e.s se joignirent aux cours pour voir de quoi il s’agissait ou simplement pour m’encourager. Ce fut une grande période d’apprentissage pour moi.

Premièrement, je m’exposais car j’étais le créateur et le responsable de cette initiative. Mon orgueil ne me permettait pas d’être “moyen” et bien sûr la peur de l’échec, malgré l’excitation et la motivation pour cette aventure, était bien présente. Oui, j’avais de bonnes qualités athlétiques mais donner des cours était un territoire que je ne connaissais pas et donc sur le plan physique je me devais d’être au “top” de ma forme. 

Quand je rentrais à la maison le soir, j’étais complètement vide.

Deuxièmement, sur le plan mental il fallait être “solide” parce qu’il fallait s’adapter au groupe devant soi et jauger leur appréciation et satisfaction.  À chaque cours le hamster tournait dans ma tête car je me posais trop de questions : “apprécient-ils les exercices ? Mon niveau d’intensité et d’énergie les gardent-ils motivés ? Are they enjoying it ?”. Tout cela trottait dans ma tête pendant que j’expliquais et démontrais les exercices à faire. Compter à haute voix les répétitions de chaque mouvement et démontrer les exercices en même temps étaient la partie qui m’épuisait le plus. J’étais définitivement hors de ma zone de confort ! Plus le cours était rempli et plus il fallait maintenir un niveau d’intensité croissant et un haut débit de voix. Quand je rentrais à la maison le soir, j’étais complètement vide.

Eh bien pas le choix, je dormais à deux ou trois heures du matin.

Enfin, il fallait innover. Les premiers cours sont toujours plus simples car on y injecte tout ce qu’on connaît comme exercices mais après il faut innover et créer. Je devais ajouter de nouveaux exercices et varier les thèmes d’entraînement. Chaque soir, après le dodo des enfants et les petites discussions avec Madame, j’écrivais mes prochains exercices et je passais beaucoup de temps sur Youtube à trouver de nouveaux exercices à incorporer dans mon programme. Lorsque je devais préparer des présentations pour le travail le lendemain, eh bien pas le choix, je dormais à deux ou trois heures du matin.

Je ne sais pas d’où me venait toute cette énergie après ces longues journées de travail mais aujourd’hui je confirme que je n’aurais pas su jusqu’où je pouvais aller ou ce qui était enfoui en moi si je ne m’étais pas lancé dans cette aventure.

Le plus grand nombre d’élèves que j’eus lors de la première session du TKD FIT MIX fut 12. C’était le maximum que je pouvais avoir dans cette salle de toute façon. J’exaltais.

Après quelques semaines, j’avais trouvé mon rythme et je gérais mieux mon niveau d’énergie ainsi que le débit de ma voix et la variation des exercices. Cependant, mon moral était toujours affecté quand il y avait peu d’élèves au cours car je me demandais sans cesse “pourquoi ne sont-ils pas revenus ?” Cela me tracassait et me décevait et je n’arrivais pas à contrôler l’impact que cela avait sur moi. Je pense que mes élèves le ressentaient. Pourtant, devoir d’entraîneur oblige, j’étais bien conscient qu’il fallait rester fort mentalement pour entraîner ceux qui étaient présents. Je compris avec le temps que je devais gérer ces émotions : le souci du service optimal, l’orgueil de ne pas maintenir une classe remplie et la peur qu’il n’y ait plus d’élèves. Tout cela fut un grand apprentissage personnel dans cette aventure.

Quelques fois, le soir en rentrant, tout épuisé, je remettais en question ce programme et ma capacité d’entraîner. Je me regardais dans le miroir en me demandant “es-tu vraiment un entraîneur Joe ?”

Quelques fois, le soir en rentrant, tout épuisé, je remettais en question ce programme et ma capacité d’entraîner. Je me regardais dans le miroir en me demandant “es-tu vraiment un entraîneur Joe ? Tout ce travail pour 3 élèves réguliers ? Tu n’as même pas d’exercices pour le prochain cours ! “Comme vous pouvez encore l’imaginer déjà, M. Doute s’approchait petit à petit de moi. Mais bien avant qu’il me chuchote de quoi, je rinçai mon visage à l’eau froide et entendit une voix intérieure me dire “va jusqu’au bout car tu te découvres.” C’est ce que je fis. Je persistai à finir cette première session en force car j’avais 3 élèves réguliers qui comptaient sur moi et je leur devais de livrer la marchandise, j’avais pris un engagement envers eux.

Après cette première session d’apprentissage et de rodage, je fis de la grosse promotion pour la deuxième session. Je me motivais constamment pour ne pas lâcher et donner le maximum de moi-même. À la lumière de ce que j’avais appris durant la première session, j’étais fervent pour une nouvelle session. J’achetai des tapis neufs (tatamis) pour recouvrir tout le sol et des sacs de frappe pour intégrer un peu de cardio boxe dans mes cours.

Plus d’élèves !!! Zéro ! Nada ! Niet ! Je voulais creuser un trou pour m’y cacher.

Combien de personnes s’inscrivirent à cette nouvelle session ? Une seule ! Aïe aïe aïe ! Ce fut la déception totale. Je ressens encore ce sentiment palpable de découragement en écrivant ces lignes. L’orgueil et la fierté prirent un gros coup. Ce fut la grande remise en question et quelques insomnies dans les nuits qui suivirent. “Qu’est-ce que je n’ai pas bien fait ?” me demandai-je les mains sur la tête. “ Une seule personne après tout ce que j’ai donné et investi pour promouvoir ce programme !” ajoutai-je. La cerise sur le gâteau viendrait le lendemain quand la seule personne inscrite annula son inscription. Plus d’élèves !!! Zéro ! Nada ! Niet ! Je voulais creuser un trou pour m’y cacher. L’orgueil disait “ça fait trop mal Joe, c’est terminé ! Tu t’es exposé et tu as échoué ! Ne recommence plus !” Je suis resté assis pendant trente minutes sans rien dire et sans rien faire. Ensuite, je suis resté sous la douche 20 minutes de plus. Devant le miroir, en me regardant dans la glace, ce fut le silence radio. À cette vue de désolation, la lionne ne rugit point cette fois-ci, elle me consola. M. doute se frottait les mains en voulant dire “ je te l’avais dit !”. M.Orgueil avec son cousin M. Fierté ne m’adressèrent plus la parole pour quelques jours. J’attendais patiemment que la voix intérieure me parle….

Quelques jours après m’être remis de ce que je considérais comme un échec, mon fils Zakary me demanda : “papa, pourquoi tu ne nous entraînes pas au studio ?”.

Voici la voix qui porta le déclic ! Ainsi arrivera le TKD FIT KIDZ.

Mot de fin

Beaucoup d’émotions ressenties en écrivant ces paragraphes. L’expérience du TKD FIT MIX, aussi enrichissante et éprouvante qu’elle fût, m’a fait découvrir trois choses importantes sur moi : 1) l’importance de la gestion des émotions (stress et anxiété de performance) et du hamster dans ma tête. Je le dis sans gêne devant M. Orgueil qui n’aime pas le sujet. Cette gestion, peaufinée par de la méditation et des exercices de respiration, s’est avérée d’une très grande importance pour les défis qui vinrent dans les semaines suivantes. 2) Je ne peux pas remettre en question l’engagement, la discipline et le zèle dont j’ai fait preuve durant cette expérience. J’ai commencé quelque chose et je suis allé jusqu’au bout. Dans mes prises de notes sur les leçons apprises, c’était un élément dont j’étais très fier. 3) Je me suis lancé et j’ai sauté, j’ai tout donné, j’ai appris, je suis sorti de ma zone de confort et j’ai goûté à l’échec. Ça m’a fait très mal. C’est seulement aujourd’hui, avec du recul et en sachant ce que j’ai expérimenté par la suite, que je suis reconnaissant d’y avoir goûté. Oh que oui !

Prochainement. Le FIT KIDZ : l’expérience révélatrice d’un nouvel entraîneur-né.

One Reply to “Le saut.”

  1. Joe, je te suis très reconnaissant plus que toujours. Cette fois-ci tu as délicieusement décris l’échec parce qu’après l’échec le succès est succulent. C’est le dessert qui couronne un excellent repas. Excuse moi pour cette expression culinaire qui me représente.
    Joe, je t’aime et t’apprécie beaucoup. J’aime beaucoup te lire et vivre à travers toi l’authenticité, l’honnêteté et la joie de découvrir l’essence même de ta profondeur d’âme.
    Que Dieu te protège et te bénisse ainsi que ta famille (lionne et lionceaux).

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