Prologue
Je suis rentré à la maison prêt à travailler sur mon plan d’action. Sans perdre de temps, j’ai dressé une liste d’actions à prendre: contacter la fédération sportive, en discuter avec mon maître et contacter le propriétaire de la bâtisse.
À ce point-ci, j’étais sur un petit nuage.
Le lendemain je contactai le propriétaire de la bâtisse et j’eus l’immense plaisir de parler avec une demoiselle très gentille qui me donna rendez-vous pour visiter les locaux. Par la suite, après une discussion positive avec mon maître, j’eus son support pour l’encadrement technique au niveau des cours à donner. Deux éléments sur trois étaient alors quasi complets. Tout était clair dans ma tête et l’exécution devait suivre son cours comme je l’envisageais. À ce point-ci, j’étais sur un petit nuage. Le lendemain, plus de flottage, bien au contraire ce fut la gravité totale qui me ramena sur terre, mon entretien téléphonique avec l’instance régulant la discipline dans la région ne m’autorisa pas à enseigner dans ces locaux…pour une affaire de location géographique et quelques kilomètres. Après deux bonnes nouvelles, celle-ci vint donner un goût amer à mon élan quasi parfait.
Reste en mouvement Jonathan
J’ai toujours respecté les règles donc je n’ai pas poussé plus. En y repensant, je découvre que j’étais peut-être trop “by the book”. Me faire dire “non” m’avait pincé et je ne savais pas trop quoi faire. J’ai voulu mettre cette idée d’école de Taekwondo de côté car ce refus m’avait refroidi. Le point B semblait s’éloigner et mon niveau de concentration sur cet objectif commençait à s’amenuiser. Mais quelque chose en moi que je ne peux expliquer scintillait et vibrait et je commençai à entendre Mme Action me chuchoter doucement “le veux tu vraiment ? Reste en mouvement Jonathan, reste en mouvement.”
Je l’avoue, je pensais simplement laisser tomber.
Je décidai tout de même d’aller visiter les locaux. Bel espace tout neuf, très bien illuminé avec de hauts plafonds. En visitant les locaux je revoyais ces images dans ma tête ou j’enseignais aux jeunes. J’avais donc trouvé une salle mais qu’est ce que j’y enseignerai ? Vu que les locaux du coin partaient comme des petits pains chauds, je devais prendre une décision. Une décision est égale à une action concrète et pour ça Mme Action m’a fait agir. Elle me souffla à l’oreille : “Engage-toi ! Loue cette salle et remplis là !” Je me suis donc engagé pour la location de la salle sans savoir quels cours j’allais donner. J’avais fait le saut ! De retour à la maison je m’assis dans mon bureau, les deux mains croisées derrière ma tête en me demandant “qu’est-ce que je viens de faire ?” M. Doute qui rôdait dans les environs me demanda mesquinement : “Pourquoi t’es tu engagé aveuglément et sans raisonnement ? Laisse faire cette idée d’école, tu en as assez avec le travail et la famille, tu n’as pas besoin de ce plus, laisse faire !” J’ai mis les mains sur ma tête et me suis demandé : “Ai-je vraiment besoin de ça ?” M. Doute souriait en me voyant hésitant et découragé. Le point B s’éloignait encore de plus en plus. Je restai donc là assis dans une profonde cogitation. Je l’avoue, je pensais simplement laisser tomber.
Mon objectif était de savoir comment je remplirais cette salle.
Entre en jeu Mme Mvié, la lionne qui vint dans mon bureau et me vit dans cet état. Elle me demanda aussitôt comment avançait le projet. Je finis par lui dire que j’allais remettre ce projet à une autre fois. En lui disant cela je rabaissai ma tête car je réalisai que je venais de me ramener à la case départ et de réanimer M. Procrastinateur. Aïe ! Elle me fit un de ces “speechs” sorti d’une scène de Rocky que tout de suite ma concentration fut remise en place. Ce n’était pas des chuchotements mais bien la voix pénétrante de cette femme de caractère qui secoua et chassa cet imposteur de M. Doute perché sur mon épaule. Je l’embrassai et la serrai très fort. Seul de nouveau dans mon bureau, mon objectif était de savoir comment je remplirais cette salle. Si je n’allais pas pouvoir donner des cours de Taekwondo alors je créerais des exercices basés sur mes années d’entraînement. Et là, le déclic ! Je tirai une feuille blanche du tiroir, je pris mon stylo à encre bleu et, après une bonne respiration, j’inscrivis au haut de la page, “TKD FIT MIX”.
Mot de fin
Ce que j’ai découvert sur moi-même durant ces 5 jours, décrit sommairement dans ces quelques paragraphes précédents, c’est que s’il n’en tenait qu’à moi (seul), je serai encore au point A à simplement parler du point B. J’aurais été hésitant, j’aurais questionné la décision de foncer, j’aurais utilisé l’excuse de la charge quotidienne pour justifier d’être encore au point A. En d’autres mots, de manière crue, je n’étais pas fonceur, je voulais que tout se déroule comme je l’avais prévu et à la moindre résistance et adversité j’évaluais l’impact sur mon confort.
En vérité, ce sont les voix fortifiantes enfouies dans mon intérieur et la lionne dans ma demeure qui m’ont gardé fixé sur l’objectif du point B. Je leur rends grâce car ces petites victoires n’ont pas été menées seules.
Oh quelles autres belles découvertes j’ai faites !
À suivre.